Midi de l'Art : Peter Friedl - Report

2019-03-27 11:30:00 2019-03-27 11:30:00 Midi de l'Art : Peter Friedl - Report Erna Hecey Exposition : du 15.02.2019 au 13.04.2019 Visite guidée par Erna Hecey. Erna Hecey est très heureuse de présenter une nouvelle exposition personnelle d’œuvres vidéo  de Peter Friedl. Report (2016) est le titre de l’installation vidéo principale produite pour documenta 14 à Athènes et Kassel. Parmi les installations vidéo de Peter Friedl, c’est peut-être la plus complexe sur le plan cinématographique, explorant la perméabilité du langage et les frontières identitaires. Le texte source est Rapport pour une Académie, 1917, la nouvelle de Franz Kafka qui raconte la transformation du singe Peter le rouge en humain, une parabole célèbre souvent surinterprétée qui traite d’assimilation et de mimêsis. D’apparence conforme à la théorie dramatique classique, le seul décor est la scène vide du Théâtre national à Athènes, conçu par l’architecte allemand Ernst Ziller vers la fin du XIXesiècle. Plus d’une vingtaine d’acteurs, amateurs pour la plupart, apparaissent sur scène, seuls ou en paires. Par cœur, ils récitent tous des extraits du monologue de Kafka dans leur langue maternelle ou celle de leur choix : en arabe, dari, anglais, français, grec, kurde, russe et swahili. La langue d’origine de l’écrit canonique de Kafka, l’allemand, y est délibérément absente.  Pour les rassembler, hormis le texte de Kafka, il y a la physicalité des acteurs, l’intentionnalité de leur gestuelle et le fait qu’ils fassent partie des populations migrantes d’aujourd’hui, ou plutôt, de la communauté mondiale d’hommes, de femmes et d’enfants en transit. Le film de Peter Friedl, faisant l’impasse sur les sous-titres, prend vie grâce à la présence et au charisme des acteurs, et à un travail de montage vidéo précis et multidimensionnel. À l’exception de quelques omissions et variations, Report reste fidèle au récit original tout au long de cette polyphonie fragmentée de langues et de mouvements. Les corps, les voix, les géographies, les classes sociales, les histoires personnelles et politiques cohabitent dans ce qui constitue un tableau vivant complexe et hautement suggestif.Dans Liberty City (2007), Peter Friedl aborde une scène historique familière. La nuit du 17 décembre 1979, le motocycliste (noir) Arthur McDuffie est arrêté par des policiers (blancs) à l’intersection entre North Miami Avenue et 38th Street. Il y est battu à mort. Quand les agents de police incriminés sont acquittés cinq mois plus tard, des émeutes éclatent à Liberty City. C’est l’épisode le plus sombre de l’histoire de Miami. Dans la pièce nocturne de Peter Friedl, mise en scène et filmée in situ, l’artiste vient inverser la structure dramatique : c’est le policier blanc qui est passé à tabac. La séquence intégrale qui tourne en boucle paraît être filmée par un témoin, mais c’est en fait une étude dramatique méticuleusement élaborée. Le film a été réalisé dans les rues de la cité de Liberty Square, un complexe de logements sociaux construit pour les résidents Afro-américains à l’époque Roosevelt, dans les années 30. Pour séparer les communautés blanche et noire, un mur fut construit à la limite est de Liberty Square. Ses vestiges sont encore visibles aujourd’hui. La séquence en boucle de Peter Friedl rend hommage à la communauté de Liberty City, théâtre épique de l’esthétique documentaire. Quand Charlotte Beradt commence à rassembler des données pour son anthologie Rêver sous le IIIeReichen 1933, nous prenons connaissance de la dimension sociale des rêves et du rôle considérable qu’ils jouent en tant qu’éléments de l’anthropologie politique et historique. Au printemps 2014, dans le cadre de son atelier d’exercices pour l’imagination, Peter Friedl organise deux sessions publiques de « Social Dreaming » dans un petit théâtre de Rome. Le « Social Dreaming » est la version psychothérapique de la fiction artistique que la narration – ici, à travers le partage et le récit des rêves – puisse changer le monde. Supervisés et guidés par deux psychologues, les participants devaient se raconter leurs rêves sans instructions préalables. L’Étude du Social Dreaming(Study for Social Dreaming, 2014-2017) de Peter Friedl se base sur la description des deux sessions, chacune avec des participants différents et filmée à l’aide de plusieurs caméras. Le montage fragmenté brouille la chronologie réelle des sessions et montre plutôt la structure de la narration qui est révélée par les actes de parole associés souvent banals. Peter Friedl (né en 1960) est un artiste établi à Berlin. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier, notamment au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid, au MoMA PS1 de New York, au Centre Pompidou de Paris, au Walker Art Center de Minneapolis, au Van Abbemuseum d’Eindhoven, à la Kunsthalle de Hambourg et au Museo Tamayo de Mexico. Il a participé aux documenta 10, 12 et 14 (1997, 2007, 2017), à la 48eet à la 56e Biennale de Venise (1999, 2015), à la 3eBiennale de l’art contemporain de Berlin (2004), à la Manifesta 7 de Trente (2008), à la 7eBiennale de Gwangju (2008), à la 28eBiennale de São Paulo (2008), à La Triennale de Paris (2012), à la Biennale de Taipei (2012, 2016), à la 10eBiennale de Shanghai (2014), à la 1re Biennale d’Anren (2017) et à la Biennale de Sharjah 14 (2019). Ses expositions individuelles incluent OUT OF THE SHADOWS, au Witte de With Center for Contemporary Art de Rotterdam (2004) ; Work 1964–2006, au Museu d’Art Contemporani de Barcelone, au Miami Art Central de Miami, au Musée d’art contemporain de Marseille (2006-2007) ; Blow Job, à la Extra City Kunsthal d’Anvers (2008) ; Working, à la Kunsthalle Basel (2008) ; Peter Friedl, à la Sala Rekalde de Bilbao (2010) ; The Dramatist, au Artspace d’Auckland (2014) ; The Diaries, au Grazer Kunstverein de Graz (2016) ; et Teatro Popular à la Lumiar Cité de Lisbonne (2017). L’étude rétrospective, Teatro, sera inaugurée à Vienne en mars 2019 à la Kunsthalle Wien, en collaboration avec Carré d’Art, le Musée d’art contemporain de Nîmes.  Elvire Geiben accueillera les Amis des Musées pour ce Midi de l'Art. IMPORTANT : Pour les visites proposées par les Amis des Musées, une inscription au préalable est obligatoire. Vous recevrez une confirmation avant la visite. Luxembourg Les amis des musées d'art et d'histoire Luxembourg info@amisdesmusees.lu Europe/Luxembourg public

Erna Hecey

Exposition : du 15.02.2019 au 13.04.2019

Visite guidée par Erna Hecey.

Erna Hecey est très heureuse de présenter une nouvelle exposition personnelle d’œuvres vidéo  de Peter Friedl.

Report (2016) est le titre de l’installation vidéo principale produite pour documenta 14 à Athènes et Kassel.

Parmi les installations vidéo de Peter Friedl, c’est peut-être la plus complexe sur le plan cinématographique, explorant la perméabilité du langage et les frontières identitaires. Le texte source est Rapport pour une Académie, 1917, la nouvelle de Franz Kafka qui raconte la transformation du singe Peter le rouge en humain, une parabole célèbre souvent surinterprétée qui traite d’assimilation et de mimêsis. D’apparence conforme à la théorie dramatique classique, le seul décor est la scène vide du Théâtre national à Athènes, conçu par l’architecte allemand Ernst Ziller vers la fin du XIXesiècle.

Plus d’une vingtaine d’acteurs, amateurs pour la plupart, apparaissent sur scène, seuls ou en paires. Par cœur, ils récitent tous des extraits du monologue de Kafka dans leur langue maternelle ou celle de leur choix : en arabe, dari, anglais, français, grec, kurde, russe et swahili. La langue d’origine de l’écrit canonique de Kafka, l’allemand, y est délibérément absente. 

Pour les rassembler, hormis le texte de Kafka, il y a la physicalité des acteurs, l’intentionnalité de leur gestuelle et le fait qu’ils fassent partie des populations migrantes d’aujourd’hui, ou plutôt, de la communauté mondiale d’hommes, de femmes et d’enfants en transit. Le film de Peter Friedl, faisant l’impasse sur les sous-titres, prend vie grâce à la présence et au charisme des acteurs, et à un travail de montage vidéo précis et multidimensionnel.

À l’exception de quelques omissions et variations, Report reste fidèle au récit original tout au long de cette polyphonie fragmentée de langues et de mouvements. Les corps, les voix, les géographies, les classes sociales, les histoires personnelles et politiques cohabitent dans ce qui constitue un tableau vivant complexe et hautement suggestif.Dans Liberty City (2007), Peter Friedl aborde une scène historique familière. La nuit du 17 décembre 1979, le motocycliste (noir) Arthur McDuffie est arrêté par des policiers (blancs) à l’intersection entre North Miami Avenue et 38th Street. Il y est battu à mort. Quand les agents de police incriminés sont acquittés cinq mois plus tard, des émeutes éclatent à Liberty City. C’est l’épisode le plus sombre de l’histoire de Miami. Dans la pièce nocturne de Peter Friedl, mise en scène et filmée in situ, l’artiste vient inverser la structure dramatique : c’est le policier blanc qui est passé à tabac. La séquence intégrale qui tourne en boucle paraît être filmée par un témoin, mais c’est en fait une étude dramatique méticuleusement élaborée. Le film a été réalisé dans les rues de la cité de Liberty Square, un complexe de logements sociaux construit pour les résidents Afro-américains à l’époque Roosevelt, dans les années 30. Pour séparer les communautés blanche et noire, un mur fut construit à la limite est de Liberty Square. Ses vestiges sont encore visibles aujourd’hui. La séquence en boucle de Peter Friedl rend hommage à la communauté de Liberty City, théâtre épique de l’esthétique documentaire.

Quand Charlotte Beradt commence à rassembler des données pour son anthologie Rêver sous le IIIeReichen 1933, nous prenons connaissance de la dimension sociale des rêves et du rôle considérable qu’ils jouent en tant qu’éléments de l’anthropologie politique et historique. Au printemps 2014, dans le cadre de son atelier d’exercices pour l’imagination, Peter Friedl organise deux sessions publiques de « Social Dreaming » dans un petit théâtre de Rome. Le « Social Dreaming » est la version psychothérapique de la fiction artistique que la narration – ici, à travers le partage et le récit des rêves – puisse changer le monde. Supervisés et guidés par deux psychologues, les participants devaient se raconter leurs rêves sans instructions préalables. L’Étude du Social Dreaming(Study for Social Dreaming, 2014-2017) de Peter Friedl se base sur la description des deux sessions, chacune avec des participants différents et filmée à l’aide de plusieurs caméras. Le montage fragmenté brouille la chronologie réelle des sessions et montre plutôt la structure de la narration qui est révélée par les actes de parole associés souvent banals.

Peter Friedl (né en 1960) est un artiste établi à Berlin. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier, notamment au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid, au MoMA PS1 de New York, au Centre Pompidou de Paris, au Walker Art Center de Minneapolis, au Van Abbemuseum d’Eindhoven, à la Kunsthalle de Hambourg et au Museo Tamayo de Mexico. Il a participé aux documenta 10, 12 et 14 (1997, 2007, 2017), à la 48eet à la 56e Biennale de Venise (1999, 2015), à la 3eBiennale de l’art contemporain de Berlin (2004), à la Manifesta 7 de Trente (2008), à la 7eBiennale de Gwangju (2008), à la 28eBiennale de São Paulo (2008), à La Triennale de Paris (2012), à la Biennale de Taipei (2012, 2016), à la 10eBiennale de Shanghai (2014), à la 1re Biennale d’Anren (2017) et à la Biennale de Sharjah 14 (2019). Ses expositions individuelles incluent OUT OF THE SHADOWS, au Witte de With Center for Contemporary Art de Rotterdam (2004) ; Work 1964–2006, au Museu d’Art Contemporani de Barcelone, au Miami Art Central de Miami, au Musée d’art contemporain de Marseille (2006-2007) ; Blow Job, à la Extra City Kunsthal d’Anvers (2008) ; Working, à la Kunsthalle Basel (2008) ; Peter Friedl, à la Sala Rekalde de Bilbao (2010) ; The Dramatist, au Artspace d’Auckland (2014) ; The Diaries, au Grazer Kunstverein de Graz (2016) ; et Teatro Popular à la Lumiar Cité de Lisbonne (2017). L’étude rétrospective, Teatro, sera inaugurée à Vienne en mars 2019 à la Kunsthalle Wien, en collaboration avec Carré d’Art, le Musée d’art contemporain de Nîmes. 

Elvire Geiben accueillera les Amis des Musées pour ce Midi de l'Art.

IMPORTANT : Pour les visites proposées par les Amis des Musées, une inscription au préalable est obligatoire. Vous recevrez une confirmation avant la visite.